Parlons de la violence familiale
La violence familiale et la violence entre partenaires intimes (VF/VPI) est un sujet difficile à aborder, et, souvent, les gens n’osent pas en parler. Ne pas en parler peut nous empêcher de prendre conscience du problème et permettre à des croyances et à des stéréotypes nuisibles de continuer à se propager. Sur cette page, nous apportons des réponses à quelques questions fréquemment posées au sujet de la VF/VPI et nous corrigeons certains mythes courants. Nous espérons que vous vous servirez de cette information, non seulement pour vous informer au sujet de la VF/VPI, mais aussi pour en discuter avec d’autres personnes.

Foire Aux Questions
Souvent, on tient pour acquis que la VF/VPI est une violence physique ou sexuelle, ce qui indique que d’autres types de violence sont moins connus et plus difficiles à repérer. Mais même la violence physique et sexuelle peut ne pas être reconnue comme étant de la VF/VPI, par exemple si elle se produit de manière isolée, si elle ne semble se produire qu’à l’occasion ou que dans certaines circonstances (par exemple, lorsque votre partenaire a bu).
On ne comprend pas toujours très bien le rôle des rapports de pouvoir et du contrôle dans les relations empreintes de violence. De plus, la violence peut ne pas être constante. Les périodes d’accalmie et de réconciliation, ainsi que les excuses, les gestes grandiloquents et les promesses de changer peuvent engendrer l’incertitude ou masquer ce qui se passe vraiment.
Parmi les autres raisons, peut-être qu’une personne a été amenée à croire que la violence est de sa faute ou que la violence se justifie; on peut avoir de la difficulté à croire que cela puisse nous arriver, ou croire que ces types de comportements surviennent dans toutes les relations et qu’ils sont normaux.
Le fait de rester ne signifie pas que la situation n’est pas vraiment grave ou que la victime aime les mauvais traitements. Il y a de nombreuses raisons qui expliquent qu’une personne peut décider de ne pas partir.
-
À un moment donné, tout était merveilleux. Parfois, c’est encore le cas. La personne éprouve des sentiments d’amour et d’affection pour son partenaire. La personne peut souhaiter que les violences cessent tout en désirant que la relation se poursuive. Il se peut qu’elle reste dans l’espoir que la situation s’arrête ou en croyant que, si elle se comporte différemment, la violence cessera. Elle peut s’imaginer qu’elle doit faire plus d’efforts pour que la relation fonctionne. Elle peut se sentir responsables de la violence ou s’être fait dire que c’était de sa faute.
-
Le fait d’être maltraité gruge l’estime de soi. Il se peut que la personne n’arrive pas à croire qu’elle mérite mieux, ou que quelqu’un d’autre pourrait l’aimer et s’occuper d’elle. Elle peut avoir l’impression qu’elle ne saurait s’en sortir seule et qu’elle devrait revenir. Elle peut avoir été isolée de ses amis et de sa famille et n’avoir plus personne pour l’aider à repartir à zéro.
-
Elle peut dépendre financièrement de son partenaire. Elle n’a peut-être pas les économies nécessaires pour déménager et recommencer à partir de rien, ou pas de revenu pour continuer à subvenir à ses besoins. Elle est peut être copropriétaire de biens avec son partenaire, par exemple une maison ou une entreprise, qu’elle ne veut pas abandonner.
-
Elle a peut-être eu des enfants avec son partenaire. Elle peut s’inquiéter des conséquences négatives que son départ pourrait avoir sur ses enfants, ou craindre de perdre ses enfants dans le cadre d’une procédure judiciaire pour établir la garde des enfants.
-
Elle peut craindre la réaction de son partenaire si elle le quitte ou si elle prend des mesures contre lui. On l’a peut-être menacée que les choses allaient empirer si elle partait, ou que des personnes subiraient des blessures.
-
Elle peut se demander si elle sera crue, ou craindre la manière dont les autres personnes de son entourage réagiront si elle révèle publiquement les violences subies. Elle peut s’inquiéter que les gens changent d’avis à son sujet, qu’elle soit jugée négativement ou qu’elle se retrouve isolée. Cela peut être particulièrement vrai dans les petites collectivités.
-
Elle ne sait peut-être pas qu’il y a des services de soutien en cas de VF/VPI au Nouveau-Brunswick ou comment entrer en contact avec ces services. Elle peut avoir peur de demander de l’aide, craindre pour l’intimité de sa vie privée, penser que sa situation n’est pas si grave après tout, ou avoir eu une mauvaise expérience lorsqu’elle avait demandé de l’aide par le passé.
Les maisons de transition offrent un hébergement d’urgence temporaire (généralement jusqu’à 30 jours) aux femmes et à leurs enfants qui cherchent un refuge pour échapper à la VF/VPI. Le séjour dans une maison de transition est une période où les personnes peuvent commencer à guérir de leurs expériences dans un milieu sûr et établir quelles seront les prochaines étapes. Le personnel dispense un éventail de soutiens et de programmes aux résidants. Il y a actuellement deux maisons de transition autochtones au Nouveau-Brunswick. Pour accéder à une maison de transition, vous pouvez appeler sa ligne d’écoute 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour savoir s’il reste des places.
Les deuxièmes étapes constituent un programme de logement subventionné avec services de soutien à court terme (généralement entre un et deux ans) destiné aux femmes et à leurs enfants qui ont quitté une situation de VF/VPI et qui ont besoin d’un logement abordable. Le programme prévoit des réunions régulières avec le personnel pour fixer des objectifs et apporter du soutien, ainsi que, souvent, des réunions de groupes de soutien avec d’autres résidantes. Les deuxièmes étapes offrent une période de répit où continuer à guérir et à croître. Pour accéder à une deuxième étape, vous pouvez appeler sa ligne téléphonique pour savoir si un logement est disponible et déposer une demande, le cas échéant. Veuillez prendre note que, contrairement aux maisons de transition, les deuxièmes étapes ne disposent pas de lignes d’écoute téléphonique 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Les travailleuses d’approche en matière de violence familiale apportent un soutien aux personnes qui ont subi de la VF/VPI même si elles n’ont pas besoin de séjourner dans une maison de transition ou une deuxième étape ou qu’elles ne le souhaitent pas. Souvent, elles apportent ce soutien par le biais de réunions programmées à leur bureau ou à l’extérieur, ou par d’autres moyens de communication tels que les appels téléphoniques ou vidéo. Il n’y a pas de limite à la période pendant laquelle une personne peut utiliser les services d’approche. Il y a actuellement quatre travailleuses d’approche au Nouveau-Brunswick qui fournissent des services spécifiquement aux populations autochtones. Pour accéder aux services d’approche, vous pouvez appeler leur ligne téléphonique pour prendre un premier rendez-vous. Veuillez prendre note que les travailleuses d’approche n’offrent pas de lignes d’écoute téléphonique 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Parmi les autres services offerts dans la province, citons les services communautaires de lutte contre la violence sexuelle, les centres d’aide en cas d’agression sexuelle, les centres de défense des enfants et des jeunes, ainsi que les centres de prévention de la violence.
Chacun de ces types de services de soutien peut exister seul, mais, dans certains cas, un organisme peut offrir plusieurs types de services de soutien. Selon vos besoins, ils peuvent vous orienter vers d’autres services. Par exemple, une maison de transition ou une deuxième étape peut vous orienter vers des services d’approche si vous n’êtes pas à la recherche d’un refuge ou d’un logement.
Oui. Les travailleuses d’approche en matière de violence familiale apportent un soutien aux personnes qui n’ont peut-être pas besoin de séjourner dans une maison de transition ou qui ne le souhaitent pas. Il se peut que les maisons de transition et les deuxièmes étapes fournissent également un soutien et des programmes aux personnes qui ne séjournent pas chez elles.
Oui. Les maisons de transition, les deuxièmes étapes et les travailleuses d’approche en matière de violence familiale sont en mesure d’apporter un soutien pour tous les types de violence familiale. Pour en savoir davantage au sujet des différents types de violence, veuillez consulter notre page « Qu’est-ce que la violence conjugale »?
Oui. Les maisons de transition, les deuxièmes étapes et les travailleuses d’approche en matière de violence familiale sont en mesure de fournir un soutien, que la violence ait eu lieu il y a quelques jours, quelques semaines, des mois ou des années.
En raison du mode de vie communautaire des maisons de transition, celles-ci ne peuvent généralement pas accueillir d’animaux de compagnie. Protégeons les animaux domestiques aussi est un programme à l’échelle de la province qui accueille les animaux de compagnie des personnes en quête d’un refuge pour se protéger de VF/VPI. Selon votre région, votre société locale de protection des animaux pourrait également être en mesure d’apporter un certain soutien – par exemple, à Moncton, la Société pour le bien-être des animaux (SBA) offre le programme Garde d’animaux en toute sécurité. Dans la mesure où les deuxièmes étapes disposent de logements séparés pour les résidantes, elles pourraient accepter des animaux de compagnie. Veuillez communiquer avec la deuxième étape pour savoir si votre type d’animal de compagnie est autorisé dans ses locaux.
Les coordonnées des services de soutien qui sont membres de notre association sont sur la page Nos refuges. Pour obtenir la liste des services de soutien dans les régions francophones et du Nord de la province, veuillez consulter le site Web du Réseau des services pour les victimes de violence du Nouveau-Brunswick. Les coordonnées des services de soutien figurent également sur les pages Web du gouvernement provincial consacrées à la VF/VPI, ainsi que sur les sites Web des services de soutien eux-mêmes.
Mythes
Bien que certaines situations puissent augmenter la probabilité de VF/VPI, elles n’en sont pas la cause profonde. Il y a de nombreuses personnes qui consomment des substances, ont des difficultés financières ou sont stressées qui ne recourent pas à la violence; il y a aussi des personnes qui ne sont pas dans ces situations et qui font recours à la violence. De nombreuses personnes ont des problèmes de santé mentale à un moment donné et ne deviennent pas pour autant violentes. La violence est une tactique pour exercer un pouvoir et prendre le contrôle.
La violence n’est jamais justifiée ni méritée. Ce n’est jamais la faute de la victime. Les personnes qui en agressent d’autres sont entièrement responsables de leur propre comportement. C’est un choix que d’agir avec violence envers une autre personne.
Il est tout à fait possible qu’une personne que vous n’imagineriez pas agir de manière violente agisse ainsi en réalité. Les personnes qui maltraitent les autres peuvent sembler très sympathiques et charmantes dans d’autres relations, par exemple avec des collègues de travail ou des amis. Elles peuvent limiter leur comportement violent à leur foyer ou se donner une justification pour agresser leur partenaire. Elles ne ressentent peut-être pas le besoin de contrôler les autres personnes de la même manière, et n’agissent donc pas violemment par rapport à elles.
C’est un choix que d’agir violemment envers une autre personne. Il est possible de changer. Ce n’est cependant pas facile et ce n’est pas une chose qu’une personne peut imposer à une autre. Le choix de cesser de recourir à un comportement violent suppose de reconnaître que c’est mal, d’en accepter la responsabilité et de vouloir changer. Pour ceux qui souhaitent du soutien, le counseling et des programmes peuvent aider.
On sait que les enfants qui sont témoins du comportement violent de l’un de leurs parents à l’égard de l’autre sont touchés de manière négative. Ils sont également davantage susceptibles de subir de la violence eux-mêmes. Les effets peuvent inclure des problèmes de santé physique et mentale, ainsi que des problèmes de comportement social. Le fait d’être témoin ou de subir de la VF/VPI entraîne pour les enfants un risque plus élevé de se retrouver eux-mêmes dans une relation violente à l’âge adulte. Si vous avez connaissance d’une situation de violence, veuillez communiquer avec le service de protection de l’enfance.
La VF/VPI est répréhensible et contrevient à la loi. La croyance à ce mythe permet à la VF/VPI de se perpétuer. Bien qu’il faille aborder le sujet prudemment avec une personne que vous soupçonnez subir de la VF/VPI et respecter son refus d’en parler, il est important de lui tendre la main pour lui offrir de l’aide. Si la personne est âgée de moins de 19 ans, vous devez en informer le service de protection de l’enfance.
Il se peut qu’une personne retourne à une relation violente après l’avoir quittée. En réalité, il peut falloir plusieurs tentatives pour quitter définitivement la relation. Il importe de continuer à soutenir et à offrir de l’aide aux personnes qui choisissent de retourner dans la relation. Par ailleurs, même après avoir quitté la relation, une personne peut continuer de subir de la VF/VPI, dans la mesure où l’autre personne continue d’essayer de la contrôler.
Selon Statistique Canada, les taux de violence entre partenaires intimes (VPI) signalés à la police au Nouveau-Brunswick en 2022 étaient plus élevés que la moyenne nationale et parmi les plus élevés selon les provinces, derrière la Saskatchewan et le Manitoba. Il en va de même pour les taux de violence familiale signalés à la police. De toutes les provinces, c’est le Nouveau-Brunswick qui a connu la plus forte augmentation de la violence entre partenaires intimes entre 2009 et 2021, soit 39 %, et la deuxième plus forte augmentation de la violence familiale, soit 22 %.